Bonjour à vous tous! Suite à ma participation à l’antenne du Parc National des Pyrénées (PNP) en vallée d’Aspe (Etsaut), à une conférence sur les rapaces nocturnes. Je me suis dit qu’un petit article sous la forme d’un petit “compte-rendu” pouvait être fort instructif pour nous tous! Cette conférence a été dispensée par Jocelyn, un jeune effectuant son service civique au PNP, pour une durée de huit mois.
Je vous présenterai ici, seulement les rapaces nocturnes (5) que vous êtes susceptibles d’observer lors de vos balades “NOCTURNES” en Haut Béarn (les vallées du Barétous, d’Aspe, d’Ossau et voire même de l’Ouzoum). Ces espèces sont présentées dans un ordre décroissant en fonction de leur taille, le “Hibou Grand Duc d’Europe”, le “Hibou Moyen Duc”, la “Chouette Hulotte”, la “Chouette Effraie des clochers” et pour finir la “Chouette de Tengmalm”.
LES CLÉS D’IDENTIFICATION
Avez-vous une idée de quelles sont les critères qui, dans la nature, que vous soyez en plaine, sur le piémont ou encore en montagne, vous permet d’affirmer que vous êtes en train d’observer un “RAPACE” ?
L’oiseau ainsi observé doit détenir les caractéristiques suivantes :
- un bec “CROCHU” (à ne pas confondre avec un bec dit “Arqué” qu’on retrouve par exemple chez le Crave à bec rouge, le Tichodrome échelette, ou encore le Grimpereau des bois…, qui ne sont pas des rapaces! Loin de là!!). Le terme crochu pour un bec réside surtout dans le fait, en autres, qu’il soit puissant et qu’il lui permette à son détenteur, de déchiqueter sa proie. Le bec arqué quant à lui, permet aux oiseaux cités ci-dessus de trouver par exemple, dans les anfractuosités des roches ou encore sous une écorce qui se détache d’un tronc, leurs nourritures.
- Des serres, leur permettant de saisir aisément leurs proies. Chez certaines espèces, celles-ci sont plus ou moins fortes et équipées de plus ou moins longues griffes et doigts qui définiront la taille de la “proie enserrée”, de leurs impacts sur ces mêmes proies.
- Une vue “EXCEPTIONNELLE” ! Ils ont une vision “binoculaire frontale”, comme pour l’être humain. Mais celle-ci est décuplée par une très grande mobilité de leur cou (vision sur 160° pour l’être humain que nous sommes, mais eux peuvent étendre cet angle jusqu’à 270° environ). Une des autres capacités impressionnantes de cette vision nocturne réside dans le fait que la sensibilité de leur rétine à la lumière peut être jusqu’à 100 fois, selon l’espèce, supérieure à la nôtre! Autant vous dire qu’ils y voient comme en plein jour !
- Une ouïe également “EXCEPTIONNELLE” ! Leurs oreilles concentrent le son comme une “parabole” de façon à l’intensifier au maximum.
- ET SURTOUT CE SONT TOUS DES “OISEAUX DE PROIE”, ILS CHASSENT TOUS POUR SE NOURRIR !
Parmi ces espèces de rapaces nocturnes, certains d’entre eux chassent à l’affût et d’autres en vol ! Généralement c’est d’un coup de bec sur la nuque qu’elles tuent leurs proies, et peuvent là aussi selon l’espèce les gober ou les déchiqueter !
LES PARTICULARITÉS NOTABLES DES RAPACES NOCTURNES
La 1ère, vous permet d’un seul coup d’œil, si la lumière résiduelle ou encore la lune… est assez conséquente pour nôtre vue qui n’est pas la leur, de nous permettre de différencier un “Hibou” d’une “Chouette” ?
Ben OUI heureusement c’est assez facile ! Les Chouettes ont la tête bien ronde et les Hiboux viennent s’y différencier grâce à la présence très remarquable des “aigrettes”. Ces plumes qui laissent croire à la présence d’oreilles sur la tête mais qui en faite ne le sont pas !
Les Chouettes comme les Hiboux ont un vol très silencieux. Contrairement au “Pigeon”, oiseau végétarien, qui n’a nul besoin de ne pas faire de bruit pour se procurer ses “nouvelles pousses” tendres ou encore des baies toutes fraîches pour satisfaire à son alimentation. Les rapaces nocturnes quant à eux doivent, pour se nourrir, surprendre leurs proies très méfiantes et d’autant plus, dans le “grand silence” de la nuit! Ils ont développé pour cela quelques artifices naturels très remarquables. Pour feindre ce bruit, leurs plumes et surtout les rémiges primaires sont dotées de fines barbules. Ces dernières leur donnent un côté très soyeux et velouté, qui leur permettent de fendre l’air sans produire de bruit !
Leurs pattes emplumées, contrairement à celles des autres rapaces en sont un autre de ces atouts pour feinter le bruit de leurs vols nocturnes.
Leur vision qu’on appelle “nyctalope” est un atout indéniable pour l’acquisition des proies de nuit. Cette vision tire ses avantages dans le fait qu’elle permet à son détenteur de voir dans la pénombre. Forcément celle-ci a une forte incidence sur la vision diurne. Au vu de leur mode de vie, cette vision présente plus d’avantages que d’inconvénients !
Ils possèdent également un disque facial qui leur permet d’amplifier les sons, un peu à la façon d’une parabole. Les plumes sur ce disque sont disposées de façon à concentrer le son vers les oreilles.
DONNÉES CARACTÉRISTIQUES POUR CHACUN D’ENTRE EUX
- Le Hibou Grand Duc d’Europe
Son poids est variable selon si c’est une femelle ou un mâle: pour cette espèce c’est la femelle qui est beaucoup plus imposante ! Cette donnée peut être une clé d’identification pour déterminer le sexe de l’individu observé. La 1ère peut peser jusqu’à un peu plus de 2.5kg, quant au mâle jusqu’à 2kg env. L’envergure est comprise entre 160 et 170 cm et pour une longueur maximale de 70 cm. S’il n’est pas en captivité, sa longévité peut atteindre quasi 30 ans (on a recensé des individus âgés de presque 70 ans en captivité, la différence est très notable, ceci s’explique peut être par les soins qui lui sont accordés, le régime alimentaire qui est plus que satisfait…). Il adore les falaises, les zones montagneuses de moyenne altitude (la hêtraie-sapinière de nos forêts de montagne), les carrières et les zones humides. Son régime alimentaire de prédilection se focalise sur les rongeurs, les oiseaux, les insectes, les serpents ou encore les faons des cervidés.
- Le Hibou Moyen Duc
Bien plus petit que son grand cousin “d’Europe”, il est facilement reconnaissable grâce au “X” ainsi formé par ses moustaches et ses sourcils. Il peut peser jusque 300g. Son envergure ne dépasse pas les 100 cm et il ne mesure pas plus de 40 cm. Il a une longévité similaire à son grand cousin, s’il n’est pas en captivité (sensiblement une trentaine d’années). Il réside quant à lui dans les bois de conifères, les bosquets, les campagnes et les parcs ou encore dans les vieux nids de corvidés. Il adore lui aussi comme tous les rapaces nocturnes: les rongeurs, les oiseaux, les serpents et les insectes. Au vu de sa taille, vous comprenez pourquoi il ne s’attaque pas aux petits des cervidés !
- La Chouette Hulotte
Malgré qu’elle soit un peu plus grosse que sa cousine l’Effraie des clochers (son poids peut être compris entre 450 et un peu moins de 600g), elle présente beaucoup de similitudes avec cette dernière. Sa longueur, son envergure et sa longévité lui sont similaires (env. 100 cm d’envergure lorsque ses ailes sont totalement déployées, mesurant aussi un peu moins de 40 cm et pouvant vivre en liberté jusque l’aube de son “quart de siècle”). Contrairement à sa cousine pour son logis, elle peut s’adapter aux diverses possibilités qui lui sont aussi offertes dans la nature! En résumé, elle pourra s’y plaire autant dans une grange, un grenier, qu’un trou de rocher. Les forêts, les jardins, les parcs, ou encore les arbres creux en haute montagne peuvent également très bien faire l’affaire! Son régime alimentaire, bien que très orienté comme ses “confrères de la nuit” sur les petits rongeurs, s’assouvira aussi, à la quête de grenouilles, d’hérissons, de vers ou encore de mollusques et d’insectes. Elle est présente partout en France, sauf en Corse. Parme les 5 espèces présentées, c’est celle dont les effectifs sont les plus importants sur la totalité du territoire (env. 15000 couples en France).
- La Chouette Effraie des clochers
Elle est légèrement plus grosse et plus grande que le Hibou Moyen Duc (un poids compris sensiblement entre 300 et 350g, et une envergure de quasi 100cm). Sa longueur est d’environ 35 cm et elle peut vivre jusqu’à un peu plus de 20 ans. Son habitat est un peu différent des espèces présentées précédemment, elle préfère le “simili-confort” des vieux bâtiments tels que les ruines, les granges et les clochers. Elle a frôlé l’extinction, en grande partie à la bêtise de l’homme qui l’associait dans les temps anciens au “malheur et à la mort” ! Il n’était pas rare, il y a de cela à peine une décennie encore de la voir malheureusement cloutée sur les portes des granges pour conjurer les mauvais sorts! Les rongeurs constituent une grande partie de son alimentation, qui peut être complétée de petits oiseaux et d’insectes.
- La Chouette de Tengmalm
La Chouette de Tengmalm est la plus petite de ces 5 espèces de rapaces nocturnes. Elle pèse pas plus de 200g, ce qui la rend difficilement observable si elle n’est pas en mouvement. D’autant plus que sa couleur se confond beaucoup avec celles du tronc ou la branche sur lesquels elle a décidé de s’y poser. Elle a une envergure maximale de 60 cm et mesure environ 25 cm. Sa longévité est bien moindre que les 4 espèces précédemment présentées: elle n’excédera pas les 9 ans. La hêtraie -sapinière est le seul milieu naturel qui la recense encore aujourd’hui! Dans ce milieu spécifique, il n’est pas rare de la voir “squatter” une ancienne loge du “Pic Noir”. Il ne reste plus que 2000 couples en France, elle fait donc partie de la liste des espèces fortement menacées d’extinction. Pour se nourrir, elle chasse aussi les petits rongeurs, les oiseaux et les insectes.